Avec sur nouveau billet sur le SaaS, nous voici arrivé à la fin de notre voyage au cœur du cloud. Pas d'inquiétude pour cette dernière étape: le SaaS est le concept plus simple à comprendre des trois ! Ceux qui voudraient néanmoins s'intéresser à IaaS et au PaaS et qui auraient ratés les épisodes précédents peuvent se reporter aux articles sur IaaS et sur le PaaS que j'ai publié sur ce même blog.
I… P… S… aaS ?
Qu'est ce que le SaaS ? Comme IaaS et PaaS, c'est une manière de disposer de ressources informatiques à la demande sur Internet. Revenons un peu en arrière sur les principes de fonctionnement d'une DSI pour comprendre ce que cela signifie concrètement.
Si on caricature un peu, dans une DSI traditionnelle les préoccupations des informaticiens sont de gérer: du matériel (installer, administrer, superviser des serveurs, des équipements réseaux, du stockage), des systèmes d'exploitation (installer, mettre à jour, superviser) et des logiciels (concevoir, développer, intégrer, déployer).
Si vous décidez de mettre votre infrastructure sur le cloud, c’est-à-dire de faire de l'IaaS, vous n'aurez plus à gérer le matériel puisqu'il vous sera mis à disposition sous forme de machines virtuelles par votre fournisseur. Par contre, vous aurez toujours besoin de les configurer, d'installer les logiciels dont vous avez besoin, de les superviser et de gérer la montée en charge en ajoutant ou supprimant des machines selon les besoins.
Si vous allez un peu plus loin en adoptant le PaaS , vous n'aurez plus besoin d'exploiter des machines même virtuelles car c'est le fournisseur qui le prend en charge. Par contre, vous devrez développer vos logiciels en respectant les contraintes de la plate-forme du fournisseur que vous avez choisi (Azure, Google App Engine, …) et les déployer selon vos besoins.
Le SaaS va encore plus loin: lorsque vous choisissez de faire du SaaS vous n'avez plus besoin de vous se soucier de déployer quoi que ce soit. Vous allez louer à un fournisseur le logiciel dont vous avez besoin et pouvoir l'utiliser immédiatement depuis Internet. Vous n'avez même aucune connaissance informatique matérielle ou logicielle à avoir pour le faire, tout sera complétement transparent pour vous: déploiement, montée en charge, …
Du logiciel sur Internet ?
Utiliser des logiciels sur Internet n'est pas nouveau, c'est ce que l'on appelait il y a quelques années acquérir des logiciels en mode "ASP". Le SaaS repose sur le même principe que l'ASP mais avec des particularités:
Arrêtons nous un instant sur ce dernier point qui est essentiel dans le fonctionnement du SaaS. Une application est multi-tenant lorsque son exécution est partagée de manière transparente et étanche entre plusieurs entreprises (ou "tenant"). Autrement dit, si l'entreprise A et l'entreprise B décident de faire l'acquisition de l'application X en SaaS, c'est le même serveur qui va être utilisé par les deux entreprises. Néanmoins les utilisateurs de l'entreprise A ne verront jamais les données de l'entreprise B dans l'application X et l'application X pourra supporter un paramétrage différent pour l'entreprise A et pour l'entreprise B.
A l'opposée, une application qui ne serait pas multi-tenant imposerait de séparer l'installation de l'application X pour l'entreprise A et l'installation de l'application X pour l'entreprise B sur deux serveurs ou deux "instances" différentes. On parlerait alors plutôt de multi-instance.
Pourquoi est-il si important qu'une application soit multi-tenant pour fonctionner en SaaS ? Tout simplement pour des raisons de coût pour le fournisseur de service :
Là où des fournisseurs d'applications en mode ASP se contentaient généralement de créer une instance pour chaque entreprise qui achetaient la solution, les fournisseurs de solutions SaaS déploient eux leur solution une fois pour toute. Cela permet de limiter le coût de la solution et donc de proposer un tarif plus attractif à leurs clients.
Mais évidemment développer une application "multi-tenant" n'est pas trivial. Cela nécessite d'avoir intégré cette problématique dés la conception de l'application afin:
Quel type de logiciel ?
Quel type de logiciel peut-on acheter en SaaS ? En fait, il serait plus vite fait de lister ce que l'on ne peut pas acheter en SaaS Il n'y a en effet pas un éditeur qui ne propose aujourd'hui son application en mode SaaS. Parfois il s'agit de multi-instance "déguisé" en attendant une reconception de l'application mais les autres principes de fonctionnement SaaS sont respectés: self-service et facturation à l'usage.
Pour le grand public, les logiciels SaaS les plus courants sont les outils de messagerie ou de stockage (données, photos, ...). Ils proposent tous une offre gratuite avec des fonctionnalités limitées (ou avec de la publicité) et une offre payante (Premium) sans limitation. Les exemples sont multiples: GMail (messagerie avec 7Go gratuit), FlickR (stockage de photos avec 300Mo gratuits), Dropbox (disque avec 2Go gratuits), Overblog (blog avec 4Go gratuits), ...
Dans le monde de l'entreprise, la bataille se joue sur la bureautique et sur les applications.
Sur la bureautique, Google Apps propose pour moins de 4€/utilisateur/mois de disposer d'une messagerie et des outils bureautiques (traitement de texte et tableur) complétement en ligne (plus besoin d'installer Word, Excel ou Outlook sur son poste).
Bien entendu, Microsoft propose une offre équivalente (que nous découvrirons plus loin).
Sur les applications métiers l'application SaaS la plus connue est Salesforce.com qui a véritablement ouvert le marché. Elle propose à partir de 4€/utilisateur/mois une suite permettant de gérer la prospection commerciale d'une force de vente. Les fonctionnalités allant de la gestion des contacts, jusqu'à la génération de devis, tableaux de bord et l'accès depuis des téléphones mobiles.
Cas d'usage BPOS
Pour rendre un peu plus concret le SaaS, je vous propose de l'expérimenter à travers BPOS.
BPOS est l'offre de messagerie en mode SaaS de Microsoft. L'idée est de pouvoir disposer d'une messagerie d'entreprise sans avoir besoin de disposer en interne de serveurs Exchange et de compétences pour les configurer et les administrer.
L'offre s'adresse aux PME mais aussi aux filiales délocalisées et peu même remplacer complétement une messagerie d'entreprise comme c'est le cas pour les 60 000 boites de messagerie ALSTOM. Dans ce cas, des procédures de migrations depuis Exchange ou Lotus existent.
L'offre est proposée à partir de 4€/utilisateur/mois (notez que 4€ semble être un prix "marché" pour le SaaS ). En option il y a la possibilité de disposer de sites SharePoint et d'un accès OCS/LiveMeeting. Dans la suite de l'article je m'intéresserais uniquement à la partie Exchange Online de BPOS mais les autres fonctionnalités s'administrent de la même façon.
Pour activer BPOS, il suffit de se connecter au portail Microsoft Online Services. Une fois connecté avec votre compte Windows Live et après avoir entré vos informations de facturation, vous pouvez achetez les différents services. Une offre d'essai 30 jours de BPOS pour 20 utilisateurs est proposée.
Un fois achetée, l'administration des services se fait via une interface d'administration web dédiée. Aucune connaissance d'Exchange n'est requise pour l'administrateur. On peut créer individuellement les utilisateurs ou les importer en masse à partir d'un fichier.
Par défaut, les boites mails ont pour suffixe "@SOCIETE.emea.microsoftonline.com" mais il est bien sûr possible d'utiliser son propre domaine Internet si vous en disposez.
L'interface d'administration permet également d'ajouter des contacts qui seront visibles dans le carnet d'adresse de toute la société ou de créer des ressources partagées (salles de réunions par exemple).
Une fois le compte créé, l'accès à la boite mail se fait via Outlook Web Access. On saisie son adresse mail et le mot de passe et on se retrouve devant la version web d'Outlook. Il faut noter que pour l'instant il s'agit de la version 2007 (le passage à OWA 2010 est en béta). L'ensemble des fonctions "standards" de Outlook sont accessibles depuis BPOS: messagerie, calendrier, contacts, …
Il est également possible d'utiliser l'application Outlook pour accéder à sa boite mail mais BPOS n'intègre pas en standard la licence d'utilisation Office. Pour avoir le droit d'utiliser Outlook il faudra donc déjà disposer de la licence Office ou faire l'acquisition de la suite Office 365 qui propose un "bundle": Exchange Online + Office.
Exchange Online est une version "partagée" entre plusieurs entreprises (=multitenant) d'Exchange. La preuve: un récent incident sur la plateforme a mélangé quelques contacts entre plusieurs entreprises . Pour un volume important de boites de messagerie (plusieurs milliers), Microsoft propose néanmoins une infrastructure dédiée. C'est le cas par exemple pour ALSTOM.
Conclusion
Le SaaS matérialise parfaitement l'utilisation du logiciel comme un bien de consommation courant. On loue une application SaaS pendant un certain temps comme on loue une vidéo ou une voiture.
Du coup, le SaaS séduit de plus en plus les MOA métiers dans les entreprises qui y voient un moyen simple et rapide de répondre à un besoin sans devoir faire appel à la "lourdeur" de la DSI (voir cet intéressant sondage sur le sujet). On trouve d'ailleurs pléthore de solutions verticales en SaaS dont les éditeurs démarchent directement les directions métiers des entreprises pour vendre (voire faire évaluer gratuitement) leurs solutions.
Cela signifie t-il la fin ou la réduction du rôle de la DSI dans les entreprises ? Non.
D'abord car une DSI doit avant tout être un support des métiers et être capable de traduire ses besoins dans une solution informatique qu'elle soit un développement spécifique, un progiciel ou... une application SaaS.
Ensuite parce que le SaaS ne pourra pas répondre à tous les besoins de l'entreprise, surtout lorsqu'il sont spécifiques à son métier. Le modèle même du SaaS repose sur la fournitures de solutions génériques qui sont utilisables par le plus grand nombre de clients possibles.
Enfin parce qu'il y a toujours des besoins d'intégration au SI même pour les applications SaaS que ce soit pour l'authentification, ou pour communiquer avec d'autres briques du SI ; et c'est le rôle de la DSI d'être capable de prendre en charge ces intégrations.
Mais pour tout cela, il est important que les DSIs voient le SaaS et le cloud en général comme une manière complémentaire et agile de répondre aux besoins de l'entreprise, pas comme un risque de perdre ou de restreindre leur activité. Le cloud est une opportunité pour la DSI, encore faut-il bien en comprendre ce qu'il signifie, c'était l'objectif de cette série d'articles. N'hésitez pas à laisser votre commentaire pour dire si cela a été le cas !