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A la découverte des technologies

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Dans un précédent article, j'expliquais à quel point le streaming a changé nos modes de consommation des contenus (vidéo, texte, audio, …). Mais ces changements ont non seulement un impact sur les consommateurs, mais aussi sur les producteurs de ces contenus, qui doivent s'adapter à de nouveaux modes de rémunération. Zoom dans cet article sur le mécanisme de redistribution de la musique en streaming.

Il y a quelques semaines se tenait les Victoires de la Musique, événement Français permettant de mettre en lumière et récompenser le monde de la culture musicale hexagonale.

Pour la première fois cette année, une Victoire de la Musique était attribuée pour le titre "le plus streamé en France". Elle a été attribuée à la chanson "Ne reviens pas" de Gradur, qui cumule plus de 100 millions d'écoutes en streaming ! Je met d'ailleurs le lien sur la vidéo pour tenter de rajeunir l'audience de ce blog 😀

 

Néanmoins vous êtes peut-être comme moi: ce titre n'est pas dans la playlist de vos morceaux préférés Spotify/Deezer/Apple Music. Et même si vous l'avez déjà entendu (reconnaissons que la chanson est entêtante, on ne l'oublie pas facilement…), vous ne l'avez peut-être jamais écoutée dans Spotify/Deezer/Apple Music et, sauf maintenant que j'en ai parlé, vous ne l'écouterez peut être jamais !

Et pourtant vous, comme moi, nous finançons cet artiste.

Si, si, je vous assure.

Voilà pourquoi.

 

J'ai acheté l'album

Le monde physique était simple. On appréciait un artiste qu'on avait entendu à la radio ou à la télé et on décidait d'acheter son album/CD/vinyle.

De façon assez naturelle, une partie des revenus de la vente du CD revenait à l'artiste.

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Le calcul détaillé est compliqué car le label et la SACEM contribuent également indirectement à la rémunération de l'artiste mais le résultat est bien que l'achat du CD contribue de manière significative à financer le travail de l'artiste.
 

J'ai streamé le morceau

Le monde physique appartient de plus en plus au passé. Depuis 2017, les ventes de musique en streaming et téléchargement ont dépassé les ventes de supports physiques et la tendance ne fait que s'accélérer. Il est probable que les ventes physiques finiront par devenir négligeables ou réservées à des publics avertis, j'en veux pour preuve la récente "renaissance" des vinyles.

 

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Mais quelle part des revenus du streaming reviennent à l'artiste ?

On entend souvent dire que ce revenu est négligeable: quelques millièmes de centimes par écoute. Pourtant on pourrait naïvement penser que si on paye un abonnement Spotify/Deezer/Apple Music à 10€/mois, une partie non négligeable de ce prix devrait revenir aux artistes que l'on écoute.

Hélas c'est loin d'être aussi simple.

En effet le comptage des écoutes en streaming se fait dans un "pot commun". Les plateformes de streaming comptabilisent le nombre d'écoutes totales de tous les utilisateurs de la plateforme et répartissent (une partie) du montant des abonnements en fonction du taux proportionnel d'écoute.

Donc si vous êtes le seul fan d'un artiste confidentiel que vous écoutez en boucle, vous ne faites pas le poids par rapport aux milliers d'autres utilisateurs qui eux écoutent Gradur (ou d'autres artistes populaires) et qui totaliseront un nombre d'écoutes considérable par rapport à vous.

Clairement cet algorithme a tendance à rémunérer principalement les plus gros artistes: 1% des artistes représentant 90% de toutes les écoutes. Sur son site, Deezer propose d'ailleurs de faire le calcul et m'indique par exemple que 96% de l'argent de mon abonnement est distribué à des artistes que je n'écoute pas… 😒

 

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

D'autres mode de rémunération

Est-il possible de faire autrement ?

Oui, il serait possible de passer de ce modèle "Market Centric" (c'est le marché qui décide qui on paye) à un modèle "User Centric" (c'est l'utilisateur qui décide qui il paye).

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Plusieurs études (notamment ici et ici) montrent que cela permettrait une répartition plus équitable ou en tout cas touchant plus d'artistes.

Deezer a d'ailleurs fait l'annonce l'année dernière d'une expérimentation pour passer au modèle "User Centric". Il y a néanmoins peu de chance que cette expérimentation fasse tâche d'huile parce que la part de marché de Deezer est minoritaire et parce que cette décision doit surtout être prise en concertation avec les majors de l'industrie musicale.

Et après tout, est-ce que la méthode "User Centric" est une nécessité ? Si l'on fait la comparaison avec Netflix: est-ce que l'on s'attend à rémunérer avec notre abonnement Netflix uniquement les acteurs/réalisateurs des séries que l'on regarde ? Non ! On finance plutôt les investissements vers d'autres séries que va produire Netflix et qui dans l'idéal, nous plaieront.

Et puis si on revoit la répartition, on peut même aller plus loin: un certain nombre d'artistes par exemple au Canada considèrent qu'il faudrait qu'ils puissent être rémunérés sur la totalité des coûts que payent les consommateurs pour écouter de la musique: la plateforme de streaming mais aussi l'abonnement Internet (4G/Fibre), voire même l'appareil lui-même !

 

Vous payez pour ce que vous n'écoutez pas

Faut-il prendre en compte la totalité de la chaîne de distribution pour rémunérer les contenus produits par les artistes ?


Dans la période actuelle où les concerts sont impossibles, alors qu'ils sont une source de rémunération importante pour les artistes, il est bon de se poser la question de leur rémunération mais il est vrai que la solution idéale n'est pas facile à trouver.

Et vous qu'en pensez-vous ?

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C
SUPER ARTICLE !!!!!!
Répondre
L
Merci Clo !